Comme je vous l'avais promis dans un précédent post, voici une présentation non exhaustive de techniques de reliures avec leurs principales caractéristiques.
Outre l’aspect décoratif chaque technique contient ses intérêts comme une meilleure ouverture du livre, l’emploi de matériaux différents, mais aussi ses limites, taille de l’ouvrage, etc…
Cet article n’est pas un manuel de cours, il a pour objectif une présentation simple et claire, et surtout imagée des techniques les plus courantes (environ une vingtaine) en deux ou trois posts (voir plus) pour compléter la description des reliures présentent dans le portfolio.
Selon l’évolution de ce blog et du temps que je pourrais y accorder, j’aurais le plaisir de revenir plus en détail sur certaines d’entre elles par un tutoriel.
N’hésitez pas à me contacter pour plus de détails et bien sûr à me confier vos commentaires.
Alors bonne lecture !
N.B. : Toutes les photos dans cet article comme dans l'ensemble du site représentent les travaux réalisés par mes soins et sont soumises au copyright©
Reliure traditionnelle à la Française ou « passé carton »
La reliure traditionnelle est une technique de reliure très
résistante qui a traversé les âges et a su évoluer afin d'être aujourd'hui la meilleure façon de conserver un ouvrage de facture classique. Ces reliures peuvent être destinées à une utilisation courante, elles sont alors souvent recouvertes de toile résistante (dictionnaires, livres de cuisine, manuels) ou pour un usage plus modéré.
La reliure soignée concerne des livres de valeur (monétaire ou affective) que le client choisit de relier de manière traditionnelle (elles sont alors recouvertes de cuir ou de papier fait main, de tranchefile en soie). La technique dépend donc plus de l’époque du livre et de ses contraintes (taille, état, utilisation) plutôt que de la recherche purement artistique.
On distingue la reliure pleine, qui se dit d'un livre entièrement recouvert de cuir ou de tissu ; la demi-reliure, dont seul le dos est recouvert de cuir (le reste du volume étant recouvert d'un papier) ; et les demi-reliures à bande ou à coins, dont on protège également les parties les plus exposées à la main du lecteur, côté gouttière. La reliure en toile est généralement ornée d'une pièce de titre (morceau de cuir placé sur le dos du livre. Il y est apposé le nom de l'auteur et le titre du livre). Le livre est cousu, arrondi, endossé ; l’endossure crée l’emplacement des cartons. Les supports de couture (ficelle ou ruban) passent à travers les cartons assurant ainsi leur fixation au livre (ce qui donne le nom à cette technique). L’ensemble sera ensuite recouvert.
La solution qui permet à la reliure traditionnelle de s’ouvrir parfaitement est le montage sur onglets.
Emboitage
La reliure emboitée, ou tout simplement emboitage, est la version artisanale et cousue de la reliure industrielle. Il s'en distingue néanmoins par le soin accordé aux gardes du livre et par la mousseline utilisée entre le corps d'ouvrage et la couverture. Ouvrage à dos plat ou légèrement arrondi, parfois endossé. Les cartons et la carte à dos sont collés à plat sur le matériau de couvrure . On ménage un espace vide entre la carte et les cartons pour l’articulation. La couverture est ensuite collée au bloc livre par les gardes
Reliure à la Bradel et Bradel à plats rapportés
Cette qualification de reliure vient du nom d’un relieur de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui aurait été le premier à l’avoir mise en pratique. Mais ce serait vraisemblablement en Allemagne que cette technique de cartonnage tire son origine. Elle était alors destinée à protéger les ouvrages dans l’attente d’une « vraie » reliure. Pour autant, plus personne aujourd’hui ne conteste l’usage de cette expression et cette reliure est couramment utilisée comme reliure définitive. Elle a une place importante dans le milieu de la reliure d’Art. Le livre est généralement cousu sur rubans, arrondi et endossé. Les plats cartons sont collés sur un support papier ou une carte moulée, appelée faux-dos, qui recouvre le dos et déborde légèrement sur les plats. Un espace d’une épaisseur de carton, appelé gorge, est ménagé le long du dos et permet l’articulation et l’ouverture du volume. Le bloc-livre est indépendant de la couverture jusqu’à l’étape finale de collage des gardes sur les contres-plats. Cette technique à la particularité de présenter une excellente ouverture.
La reliure à plat rapporté
Structure mise au point par Sün Evrard. Le livre est cousu sur rubans, le dos est arrondi mais non endossé (il n’y a pas de mors). Les plats sont poncés et biseautés à l’intérieur, côté dos, afin d’épouser l’arrondi du livre, ils sont en parfaite continuité avec le dos. Le dos et les plats sont couverts séparément, ce qui permet l’utilisation de matériaux différents. Les plats sont collés sur les gardes. Cette technique n’agresse pas les fonds de cahier et permet une excellente ouverture.
La reliure hollandaise
La reliure à la hollandaise est une reliure en parchemin souple, très commode pour les petits formats. Elle se répandit en Europe au début du XVIIe siècle après avoir été utilisée en Hollande. En Italie elles furent également réalisées en papier (papiers dominotés). Elle déclina au XVIIIe siècle.
La reliure est emboîtée (la couverture et le volume sont préparés à part et sont réunis à la fin du travail par emboîtage), les plats sont souples, le dos est long et brisé (couverture non fixée aux cahiers du livre), le parchemin (ou papier) est replié sur lui-même avec parfois un rabat en gouttière. La couture est maintenue au bloc livre par les liens de couture et les passants de tranchefiles.
La reliure extrême orientale
Traditionnellement reliure souple et sans colle, réalisée en Asie, elle est manipulée et transportée roulée sur elle-même. Il s’agit de reliure de livres composés de feuillets simples, reliés entre eux par un fil de couture extérieur à l’ouvrage et donc visible, la couture fait ainsi partie du décor du livre. Il existe des points de couture variés qui en font une reliure ludique et esthétique. Florent Rousseau a établi en France une variante adaptée à nos livres occidentaux. Les cahiers du livre sont d’abord montés sur onglets.Des bandes de papier sont cousus dans le fond de chaque cahier. Ce sont elles qui sont perforées et reçoivent le fil de couture.
Les cartons préalablement couverts sont articulés pour permettre l'ouverture, ils sont maintenus par collage sur le bloc d'onglets. Le bloc livre n'est en contact avec aucun collage et ne tient que par les fils de couture
A ne pas confondre avec la couture à la japonaise (ci-après)
A l'origine : couture à la japonaise
Couture très connue, avec plusieurs variantes. Je l’utilise peu car l’ouverture du carnet est un peu limitée et pas très confortable pour écrire ou dessiner. Néanmoins il existe un grande variété de coutures.
La suite dans un prochain post...
Relis tes livres, comme ta vie,
Répare et crée, rien n'est fini.
Passé, futur, et traditions
Passé carton, présent chiffon...
Blottie chez toi, à la Française
Filant au Nord, à l'Hollandaise ?
Extrême Orient, pas très à l'aise...
Du cousu main des japonaises...
Couture de souche ? Ou rapportée ?
Tradi ou pas... recomposée ?
Envers, endroit, criss-cross de vies,
Tue-mouches exquis, virus maudits...
Emboite le pas, fille de Bradel
Jean de Gonet t'a voulue belle !